La langouste rose de Mauritanie.
1957-1959 : développement de la pêche
Le retour de la Belle Bretonne en février 1957 avec de la langouste congelée ouvrait une nouvelle voie à l'exploitation
de la langouste rose. Les nouveaux langoustiers mauritaniens seront, dès lors, équipés d'un dispositif de congèlation et de chambres froides.
Le premier mauritanien, Ma Petite Folie, avait seulement un vivier pour conserver et transporter sa pêche. Il faisait partie des langoustiers purs comme tous les langoustiers douarnenistes qui, depuis longtemps, pêchaient la langouste verte.
Les nouveaux bateaux, équipés d'un vivier et d'un système de congélation, furent appelés langoustiers mixtes.
D'autres langoustiers, dotés d'un système de congélation plus important, avaient abandonné le vivier, ces derniers faisaient partie de la catégorie des congélateurs purs.
Une autre évolution majeure fût la généralisation du chalut qui servait d'une part à pêcher l'appât pour les casiers et également la langouste sur les fonds appropriés.
1957 : Lancement du Monseigneur Landreau
Le troisième grand langoustier camarétois a été lancé le 1er avril 1957 au chantier Péron. Baptisé Monseigneur Landreau, du nom d'un morbihannais évêque de Mauritanie.
Plus grand que la "Belle Bretonne", près de 32 mètres pour un tonnage de 270 tx, doté un moteur Crépelle de 315 cv, il devenait à son tour le plus grand bateau du port. Pierre Ferrec, qui avait fait ses premières armes sur la Belle Bretonne avec Auguste Kergroach, fût nommé capitaine.
"Monseigneur Landreau" était pour l'époque un bateau moderne équipé d'une radio, d'un gonio et d'un sondeur. Il pouvait travailler au chalut, aux casiers et aussi aux filets pour pêcher la langouste verte. Son vivier pouvait contenir 20 tonnes de langoustes vivantes et ses chambres froides 20 tonnes de queues de langoustes congelées.
Après le lancement de la coque nue, il fallait encore 4 à 5 mois pour rendre un tel langoustier opérationnel. Tous les corps de métiers s'affairaient autour du navire. Les mécaniciens installaient les moteurs principaux et auxiliaires, les chaudronniers montaient les cuves à fioul et à eau, les forgerons aussi avaient beaucoup de travail. Il fallait poser la passerelle et tout son équipement intérieur. Les frigoristes montaient les compresseurs de congèlation et les chambres froides.
On installait ensuite le matériel de pêche, ces bateaux étant prévus pour pour trois pêches différentes :
Le casier pour la langouste rose.
Les filets pour la langouste verte.
Le chalut pour pêcher l'appât que l'on mettait dans les casiers ou la langouste rose quand les conditions étaient propices.
Quand tout était prêt, que la dernière couche de peinture blanche était appliquée, on procédait à la bénédiction (ou baptème) du navire, c'était une grande cérémonie qui rassemblait les familles de matelots, les armateurs, les officiels et le clergé. Le navire était baptisé avec parrain et marraine.
Après 4 mois et demi de finition, le 15 aout 1957, Monseigneur Landreau appareillait pour le "Cap Blanc". Ce premier voyage en saison chaude se fit sur les bancs de langoustes vertes. Parmi ce jeune équipage plusieurs n'avaient jamais fréquenté les côtes africaines mais le patron Pierre Ferrec et Lucien Drévillon avaient vécu une première expérience d'une année sur la "Belle Bretonne" avec Auguste Kergroach. Il y avait aussi dans cet équipage deux douarnenistes expérimentés pour la pêche à la langouste verte.
1958 la flotte s'agrandit encore de deux nouveaux langoustiers
Le Saint Rioc, mis en construction en avril 57 juste après le lancement du "Monseigneur Landreau", fut lancé le 8 mars 1958 par le chantier d'Albert Péron.
Les travaux de finition durèrent jusqu'en juillet, puis on procéda à la bénédiction avant le départ du bateau pour la Mauritanie quelques semaines plus tard.
Le "St Rioc", long de 30,14 mètres, jaugeait 277 tx. Doté d'un moteur Crépelle de 360 cv il avait une allure de croisière de 8 noeuds.
Son vivier pouvait contenir 20 tonnes de langoustes vivantes et ses chambres froides 20 tonnes de langoustes congelées.
Il avait la possibilité de pêcher la langouste rose au chalut et aux casiers ou de la langouste verte aux filets.
Une radio lui permettait de communiquer entre bateaux et avec la station du Conquet Radio. Il avait aussi un gonio qui servait à relever
le gisement (direction) d'une émission radio. Le sondeur à bandes papier enregistrait le relief sous-marin.
Le Françoise Christine fût lancé le samedi 3 mai 1958 au chantier d'Auguste Tertu à Rostellec. Ce bateau était un clipper thonier-langoustier prévu pour une grande polyvalence. Il pouvait pratiquer la pêche à la langouste, au thon et au poisson blanc. Contrairement aux précédents langoustiers camarétois, il ne disposait pas de vivier. C'était un congélateur pur doté de cuves alimentées par des pompes à eau de mer qui permettaient de conserver les appâts vivants pour la pêche au thon et pouvaient aussi servir de petits viviers pour les langoustes vivantes.
Le "Françoise Christine" était doté d'une installation frigorique ultra moderne.
Le bateau mesurait 30m pour 240 tx, était équipé d'un moteur Duvant de 500 cv et de deux groupes électrogènes de 80 cv. Le "Françoise-Christine" faisait partie de l'armement Kersalé et était commandé par François Salaun.
1959 - La construction s'accélère : 5 nouveaux langoustiers mauritaniens
Le 26 mars 1959 le chantier Péron lançait le Notre Dame de Rocamadour pour le patron Pierre Zozo. C'était un magnifique langoustier mixte (vivier et congélateur) de 32.68 mètres jaugeant 300 tx et pouvant transporter 25 tonnes de langoustes vivantes dans son vivier.
Une performance pour le chantier Péron qui, en ce mois de mars 1959, lançait 3 navires en 3 semaines :
le 9 mars le Kerloch (48 tx)
le 10 mars l'Inconnu (48 tx)
le 26 mars le "Notre Dame De Rocamadour".
Ce navire était le sixième grand langoustier mauritanien attaché au port de Camaret, d'autres étaient en construction.
Le 25 avril 1959 Auguste Tertu procèdait au lancement du Charleston, un mauritanien de 33 mètres pour 300 tx de jauge brute destiné au patron Louis Riou.
Le charpentier de Rostellec mettait ainsi à l'eau son troisième grand langoustier après "Grand St Bernard" en 1955 pour Douarnenez et le "Françoise-Christine" en 1958.
Le 23 août 1959 un nouveau langoustier arrivait à Camaret. Lancé le 15 mai à Lorient aux chantiers "La Perrière" le Kador, (du nom de la pointe de Morgat qui comportait une arche naturelle aujourd'hui écroulée).
Ce bateau était un thonier-langoustier à coque acier sans vivier mais équipé de quatre cuves d'une capacité de 40 m3 qui pouvaient servir à stocker des crustacés ou de l'appât vivant pour la pêche au thon.
Doté de vastes chambres froides (75 m3) et d'un tunnel de congèlation, il se classait dans les purs congélateurs.
Sa coque en acier soudé mesurait 29 mètres de long et 6.90 m de large.
Il était équipé d'un moteur de 375 cv Sulzer et de 2 groupes électrogènes Baudouin de 80 cv.
Le "Kador" appartenait à l'armement Heise-Kermel et consorts et était patronné par "Jean Kermel" avec un équipage essentiellement morgatois.
Le 14 Novembre 1959 Joseph Keraudren lançait son premier grand langoustier mauritanien, le
Lys de Bretagne. Il mesurait 28,40 mètres de long et jaugeait 213 tx.
Sa motorisation se composait de deux moteurs de 180 cv sur la même ligne d'arbre. C'était un langoustier mixte doté d'un vivier d'une capacité de 18 tonnes de langoustes vivantes et d'une chambre froide de 30 m3 pouvant recevoir 8.5 tonnes de queues de langoustes.
Vidéo du lancement du "Lys de Bretagne"