Le chantier Péron
Le Chantier Péron 1953 - 1990
Les débuts du chantier
Albert Péron a commencé comme apprenti au chantier "Le Hir-Péron" à Camaret où son père Louis était associé à Hippolyte Le Hir.
Louis décède en 1949. Albert a continué à travailler au chantier, il a participé à la construction de navires comme La Nébuleuse (1949) ou la Belle Colombe (1953), perfectionnant sa connaissance du métier de charpentier marine.
En 1953 il saisit l'opportunité de reprendre le chantier d'Alexandre Gourmelon qui arrêtait son activité.
Dès la reprise du chantier Albert se lance dans la construction de forts langoustiers comme le "Santa-Héléna" en 1954 et le "Stereden-va-Bro" mesurant 19 mètres pour 65tx comptant parmi les plus importants de la flotte camarétoise de l'époque.
1956-1964 : les mauritaniens
En 1956, à la demande d'Auguste Kergroac'h et d'un groupe d'armateurs, Albert Péron se lance dans la construction du premier grand mauritanien à Camaret : 30 mètres de long, 214 tonneaux, une capacité de
pêche 10 fois plus importante que celle des langoustiers traditionnels, du jamais vu en presqu'île. L'opération est un succès, la "Belle-Bretonne" va concrétiser les premiers essais de pêche à la langouste rose réalisés par la "Petite Folie" en Mauritanie (bateau construit aux Sables-d'Olonne).
Ces deux langoustiers inventent un nouveau métier : la pêche à la langouste rose qui rapidement fera la prospérité de Camaret et de Douarnenez. Avec les "mauritaniens" la pêche langoustière va se transformer et s'industrialiser.
Ces navires embarquaient 12 hommes d'équipage et faisaient travailler des centaines de personnes à terre, mécaniciens, charpentiers, forgerons, frigoristes, électriciens, mareyeurs... Les bateaux partaient pour plusieurs mois en emportant de grandes quantités de ravitaillement faisant ainsi vivre le commerce local.
De 1956 à 1964 Albert Péron a construit 12 grands langoustiers mauritaniens (de 150 à 350 tonneaux) ainsi que des langoustiers classiques de 30 à 40 tx.
Après 1964 le chantier se diversifie :
En 1964 après le lancement du "Portzic" la construction des grands langoustiers mauritaniens s'arrête car les fonds du banc d'Arguin au large de la Mauritanie sont épuisés, victimes de la surpêche.
Le port de Camaret, qui pratiquait exclusivement la pêche langoustière, fut plongé dans une grave crise économique.
Les chantiers de construction navale durent s'adapter. Le chantier Péron, fort de sa réputation, se lança dans la construction de chalutiers pour différents ports de Bretagne, de goémoniers pour le nord Finistère (une vingtaine de 1973 à 1989) et de nombreux caseyeurs pour les ports de la Manche, pour Jersey et certains ports des Cornouailles Anglaises.
En 1973 Le chantier est couvert
Jusqu'à 1973 une grande partie des éléments de la coque du bateau était préparée dans les ateliers mais le navire était assemblé en plein air, les ouvriers travaillaient dehors. Albert Péron décida de protéger l'espace de travail. Il fit construire un hangar qui couvrait le chantier et la cale de lancement afin de permettre aux charpentiers d'être à l'abri des intempéries.
De 1973 à 1990 de nombreux navires furent construits sous cet abri ce qui n'empêchait pas, en période de forte demande, de continuer à construire des bateaux en extérieur. Il pouvait y avoir deux ou trois constructions en même temps.
Durant la période de 1965 à 1990 nous avons recencé 30 chalutiers, 16 caseyeurs, 19 goémoniers, 2 fileyeurs et quelques côtiers lancés par le chantier.
De nombreux employés
Le chantier Péron a été longtemps un des grands employeurs de la commune de Camaret . Fin 1956 il comptait 27 ouvriers, puis 40 en 1958, 50 à 60 dans les années suivantes, jusqu'à 64 en 1964 quand on construisait les mauritaniens.
Après la crise de la pêche en Mauritanie le nombre d'ouvriers a baissé, seulement une douzaine en 1966. L'élargissement de la clientèle a permit de relancer l'emploi avec une moyenne de 25 à 35 ouvriers.
Le dernier grand bateau construit pour le port de Camaret fut le Beg-ar Gador pour Yves Le Moign en 1987, les derniers bateaux lancés au chantier Péron furent Askara et Bleiz ar mor II en 1989.
Liste des Navires construits au chantier Péron
Le Chantier CMC 1990 - 2015
Albert Péron est décédé en 1990, le chantier fut repris l'année suivante par un groupe de 5 salariés gérés par Mme Bodénan et prit le nom de « Charpentiers de Marine Camarétois » (CMC).
En 1992 on y lança la "Belle Etoile", bateau emblématique de Camaret, réplique d'un dundee langoustier de 1938 construit dans le cadre du concours "Bateaux des côtes de France".
Le chantier "CMC" se consacra principalement à la réparation navale comme en témoignent les images suivantes de la collection du charpentier Daniel Sévellec.
CMC a exercé son activité jusqu'à fin 2015.
En 2024 le chantier est rasé
En 2024 le chantier, construit sur le domaine maritime et endommagé par les tempêtes hivernales, devenait un danger pour le public. La mairie de Camaret, qui en était propriétaire, a prit la décision de raser l'ensemble. Il ne reste aujourd'hui que la cale de lancement où étaient construits les navires.
Liste des Navires construits au chantier Péron