Le chantier Péron

Le Chantier Péron 1953 - 1990

chantier Péron
Le chantier Péron situé devant la tour Vauban était à l'origine en plein air comme la plupart des chantiers, il a été couvert en 1973.(photo 2007 M. Torillec)

Les débuts du chantier

Castel Dinn
L'ancien chantier Le Hir-Péron

Albert Péron a commencé comme apprenti au chantier "Le Hir-Péron" à Camaret où son père Louis était associé à Hippolyte Le Hir. Louis décède en 1949. Albert a continué à travailler au chantier, il a participé à la construction de navires comme La Nébuleuse (1949) ou la Belle Colombe (1953), perfectionnant sa connaissance du métier de charpentier marine. En 1953 il saisit l'opportunité de reprendre le chantier d'Alexandre Gourmelon qui arrêtait son activité.
Dès la reprise du chantier Albert se lance dans la construction de forts langoustiers comme le "Santa-Héléna" en 1954 et le "Stereden-va-Bro" mesurant 19 mètres pour 65tx comptant parmi les plus importants de la flotte camarétoise de l'époque.

1956-1964 : les mauritaniens

Belle Bretonne
En 1956, "Albert Péron lance la "Belle Bretonne", premier langoustier mauritanien construit à Camaret

En 1956, à la demande d'Auguste Kergroac'h et d'un groupe d'armateurs, Albert Péron se lance dans la construction du premier grand mauritanien à Camaret : 30 mètres de long, 214 tonneaux, une capacité de pêche 10 fois plus importante que celle des langoustiers traditionnels, du jamais vu en presqu'île. L'opération est un succès, la "Belle-Bretonne" va concrétiser les premiers essais de pêche à la langouste rose réalisés par la "Petite Folie" en Mauritanie (bateau construit aux Sables-d'Olonne). Ces deux langoustiers inventent un nouveau métier : la pêche à la langouste rose qui rapidement fera la prospérité de Camaret et de Douarnenez. Avec les "mauritaniens" la pêche langoustière va se transformer et s'industrialiser.
Ces navires embarquaient 12 hommes d'équipage et faisaient travailler des centaines de personnes à terre, mécaniciens, charpentiers, forgerons, frigoristes, électriciens, mareyeurs... Les bateaux partaient pour plusieurs mois en emportant de grandes quantités de ravitaillement faisant ainsi vivre le commerce local.

Belle Bretonne
1960. L'équipe du chantier Péron lors du du lancement du "Henri-Annick. Le chantier comptait alors une quarantaine d'ouvriers.
De 1956 à 1964 Albert Péron a construit 12 grands langoustiers mauritaniens (de 150 à 350 tonneaux) ainsi que des langoustiers classiques de 30 à 40 tx.

Mauritaniens construits au chantier Péron
Belle Bretonne (1956)
Monseigneur Landreau (1957
St Rioc (1958)
N.D de Rocamadour (1959)
Henri- Annick (1960)
Castel-Dinn (1960)
Toulinguet (1961)
Comète (1961)
Constellation (1962)
La Barbade (1963)
Fraï-lann (1964)
Portzic (1964)

Portzic
1964 - Baptème du "Portzic", le dernier mauritanien lancé au chantier Péron et à Camaret

Après 1964 le chantier se diversifie :

En 1964 après le lancement du "Portzic" la construction des grands langoustiers mauritaniens s'arrête car les fonds du banc d'Arguin au large de la Mauritanie sont épuisés, victimes de la surpêche. Le port de Camaret, qui pratiquait exclusivement la pêche langoustière, fut plongé dans une grave crise économique.
Les chantiers de construction navale durent s'adapter. Le chantier Péron, fort de sa réputation, se lança dans la construction de chalutiers pour différents ports de Bretagne, de goémoniers pour le nord Finistère (une vingtaine de 1973 à 1989) et de nombreux caseyeurs pour les ports de la Manche, pour Jersey et certains ports des Cornouailles Anglaises.

Goemoniers
1970: 2 langoustiers L' "Inconnu" (le vert) et le "Kerloch" (le bleu) sur leur rampe de lancement au chantier Péron.<br> (coll P.M)
Chalutiers
1971 deux lancement au chantier Albert Péron , La "Petite Angéla" et " L'Aventuere"

En 1973 Le chantier est couvert

Jusqu'à 1973 une grande partie des éléments de la coque du bateau était préparée dans les ateliers mais le navire était assemblé en plein air, les ouvriers travaillaient dehors. Albert Péron décida de protéger l'espace de travail. Il fit construire un hangar qui couvrait le chantier et la cale de lancement afin de permettre aux charpentiers d'être à l'abri des intempéries.

Alpha
30 Novembre 1974: lancement du chalutier "ALPHA" pour la SACCAM dans le nouvel espace couvert du chantier Péron. (Collection Daniel Sévellec)
Alpha
30 Novembre 1974: lancement du chalutier "ALPHA" pour la SACCAM dans le nouvel espace couvert du chantier Péron. (Collection Daniel Sévellec)

Chalutiers
Le caseyeur Kelou-Mad a été lancé en 1977 pour Mogueriec, en 2023 il revient à Camaret sur sillon devant la chapelle Rocamadour
Chalutiers
1982 Albert Péron lance deux "chalutiers à pont couvert, le "Glaucos"et le "Vadrouilleur" pour le port du Guivinec
Goemoniers
1989 Deux goémoniers : Altaïr et Bleiz Mor II en construction au chantier Péron (Collection N. Strullu)

De 1973 à 1990 de nombreux navires furent construits sous cet abri ce qui n'empêchait pas, en période de forte demande, de continuer à construire des bateaux en extérieur. Il pouvait y avoir deux ou trois constructions en même temps.
Durant la période de 1965 à 1990 nous avons recencé 30 chalutiers, 16 caseyeurs, 19 goémoniers, 2 fileyeurs et quelques côtiers lancés par le chantier.

De nombreux employés

Le chantier Péron a été longtemps un des grands employeurs de la commune de Camaret . Fin 1956 il comptait 27 ouvriers, puis 40 en 1958, 50 à 60 dans les années suivantes, jusqu'à 64 en 1964 quand on construisait les mauritaniens.
Après la crise de la pêche en Mauritanie le nombre d'ouvriers a baissé, seulement une douzaine en 1966. L'élargissement de la clientèle a permit de relancer l'emploi avec une moyenne de 25 à 35 ouvriers.

Le dernier grand bateau construit pour le port de Camaret fut le Beg-ar Gador pour Yves Le Moign en 1987, les derniers bateaux lancés au chantier Péron furent Askara et Bleiz ar mor II en 1989.

Liste des Navires construits au chantier Péron

Le Chantier CMC 1990 - 2015

Albert Péron est décédé en 1990, le chantier fut repris l'année suivante par un groupe de 5 salariés gérés par Mme Bodénan et prit le nom de « Charpentiers de Marine Camarétois » (CMC).
En 1992 on y lança la "Belle Etoile", bateau emblématique de Camaret, réplique d'un dundee langoustier de 1938 construit dans le cadre du concours "Bateaux des côtes de France".

Le chantier "CMC" se consacra principalement à la réparation navale comme en témoignent les images suivantes de la collection du charpentier Daniel Sévellec.
CMC a exercé son activité jusqu'à fin 2015.

 

Goemoniers
1992 construction de la "Belle étoile, exposition de la quille en exterieur avant construction sous abri.. (Collection M. Torillec)
Belle Etoile
1992 Le lancement de la "Belle étoile" a été un évennement très suivi à Camaret. (Collection P. Millet)

Goemoniers
Mai 1996 Remplacement de l'étrave du "Notre Dame de Kersinien". (Collection Daniel Sévellec)
Goemoniers
Mai 1996 Remplacement de l'étrave du "Notre Dame de Kersinien". (Collection Daniel Sévellec)

Goemoniers
Mars 1996 remplacement de bordées sur le "Beg ar Gador" (Collection Daniel Sévellec)
Goemoniers
Mars 1996 remplacement de bordées sur le "Beg ar Gador" (Collection Daniel Sévellec)

En 2024 le chantier est rasé

En 2024 le chantier, construit sur le domaine maritime et endommagé par les tempêtes hivernales, devenait un danger pour le public. La mairie de Camaret, qui en était propriétaire, a prit la décision de raser l'ensemble. Il ne reste aujourd'hui que la cale de lancement où étaient construits les navires.

cale Péron
En juin 2024 le chantier a été rasé, seule la cale de lancement ou étaient construits les navires reste visible.
démolition
En juin 2024 le chantier a été rasé, seule la cale de lancement ou étaient construits les navires reste visible.

Liste des Navires construits au chantier Péron